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samedi 19 janvier 2013

sensorielle Odorat


Odorat et goût peuvent souffrir de certains traitements, des chimiothérapies par exemple, mais ces désagréments sont la plupart du temps réversibles.
Les cellules réceptrices de l'épithélium olfactif, partie de la muqueuse nasale chargée de l'olfaction, sont capables de capter spécifiquement un certain type de molécules chimiques. L'information est transmise au cerveau qui analyse la combinaison des cellules stimulées pour identifier chaque odeur.
Le cerveau peut caractériser des milliers d'odeurs à partir d'un nombre limité de capteurs. Le code de décryptage des odeurs est différent pour chaque personne et se constitue avec le temps, en fonction des odeurs rencontrées. De même pour le goût. Cet horizon olfactif et gustatif est unique, car il reflète l'histoire personnelle de chaque individu.
Les cellules de l'épithélium olfactif, soumises à de multiples agressions car peu protégées de l'extérieur, se renouvellent très vite. Le «code» n'est cependant jamais perdu car ce renouvellement se fait progressivement: il faut plusieurs semaines pour que l'ensemble des cellules soient renouvelées.
Madeleine de Proust
Dans certaines situations, pourtant, les cellules disparaissent toutes ensemble, avec des conséquences majeures pour l'odorat. De nombreuses chimiothérapies utilisées contre le cancer ciblent plus spécifiquement les cellules capables de se multiplier rapidement, puisque c'est l'une des caractéristiques des cellules cancéreuses. Ces traitements ont donc souvent un effet sur la muqueuse nasale et sur les cellules gustatives, également à renouvellement rapide. Odorat et goût peuvent donc être modifiés ou même disparaître pendant la durée du traitement. «Nous avons pu mesurer la perte du goût, jour après jour lors de certaines chimiothérapies, cela peut donc aller très vite», indique Annick Faurion, chargée de recherche au CNRS, basée à l'institut de neurobiologie Alfred-Fessard à Gif-sur-Yvette.
Comme pour tous les cas de perte réversible du goût et de l'odorat, la récupération se fait petit à petit dès la fin du traitement, en s'appuyant notamment sur des odeurs et des goûts familiers, plus faciles à identifier. Les tests d'analyse de l'olfaction et du goût peuvent faciliter cette récupération, en mesurant de manière objective les progrès réalisés.
Certains patients ont cependant l'impression de ne jamais retrouver le goût et l'odorat et ne peuvent pas «s'y faire», comme certains médecins le leur conseillent encore. En fait, ils ont perdu leur horizon olfactif et gustatif, une perte parfois inconsolable car elle est intimement liée aux souvenirs, à l'identité même de chaque personne.
Il existe en effet un lien direct entre l'activité du bulbe olfactif et la mémoire. «Certains souvenirs, qui étaient facilement accessibles grâce à l'odorat, ne le sont plus lorsque celui-ci disparaît», souligne le Dr Corinne Eloit, ORL à l'hôpital Lariboisière à Paris, qui travaille avec Annick Faurion. Il faut alors reconstruire et apprivoiser un nouveau paysage de sensations pour retrouver, d'une autre façon, le goût de cette fameuse madeleine trempée dans une tasse de thé.

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